Structure*

Mon humeur est devant une pente périlleuse. Se glissent en moi des pensées foudroyantes, venues de nulle part, servant à rien sauf me faire douter de moi et de ma forme qui a atteint des sommets exemplaires. Je suis maintenant entre les deux, une intouchable qui va se détruire par dedans.

Mais non, c'est du lyrisme ça. J'essaie de partager mon état avec ma soeur, la dysthymie, l'histoire qui va avec. Elle me sort un 'ah ça me fait penser à papa', et un 'tu devras voir un psychiatre et prendre des médicaments toute ta vie'. Elle pense que je suis bipolaire. Elle pense qu'il y a une pilule miracle pour moi.

Les problèmes des autres sont toujours simple à régler.

Mais non, soeur. C'est pas si simple. J'y travaille, c'est fou comment j'y travaille. J'y a laisser ma vingtaine entière. C'est un C-O-M-B-A-T. Ça prend beaucoup de résilience et de vigilence et on se fait quand même ramasser par la charrue juste comme ça, pour rien. Capiche?

Et il ne faut pas tout mêler là. Moi, mon père... Et toi tant qu'à y être, comment ça va la caboche? Pas terrible hein? Je crois que mes trois soeurs sont sur des pilules et ma mère devrait peut-être l'être aussi. Mon père, il est mort et enterré. Pas besoin de le sortir tout de suite.

Je suis d'une humeur 5. J'ai fait le ménage!!! Ça n'a que prit qu'une heure treize. Il faut que je le perçoivent comme un jeu - comment le faire plus vite, comment en tirer quelque chose. Car j'ai toujours détesté et jamais fait.

J'ai pris mon soleil. Acheté encore du linge (autre trouble, je le passe), me suis étendue sous les nuages, lu. Bien mangé. Tout ça c'est bon. Fait 3 heures de vélo hier sur la plus belle piste improvisée du monde (oui oui, elle existe et elle est à Montréal). Vu les soeurs, leurs enfants. Acheter un éléphant attachant pour un baptême. Fête ce soir. Je devrais aller bien.

Je vais bien. En plus c'est propre chez nous.

J'ai beaucoup de pensées sur ma condition. Je suis tellement timide que s'en est un handicap. J'ai déjà vécu ça, j'ai aussi vécu les moment ou je me dégène enfin et que j'apparais comme je me connais. Je performe, même. Ça fait longtemps qu'elle n'est pas sortie en public cette fille. Femme, faudrait dire maintenant. Ça fait bien des années qu'elle se cache.

Elle n'est jamais confortable avec les autres. Elle se protège. Va-t-on savoir de quoi. Elle a peur.

Elle pense aussi qu'elle est un génie en boîte. Et elle est énormément frustrée de ne pas vivre sa vie.

Il y a un corps, il y a trois filles, trois femmes. Il y a une tête qui doit réconcilier tout le monde.

Mon père aussi parlait comme ça. C'est pas surprenant.

Amourxxx

*Je voulais dire que j'ai structuré mon week-end. Avoir une structure m'aide, savoir ce que j'aurai besoin de faire, me donner les moyens de le faire. Quand aux mots que j'écris ils se structurent comme ils veulent et créent leur propres sens.